La paysannerie, une civilisation méconnue

Le progrès est en marche, lors de sa dernière campagne d'exploration, le très illustre ethnologue Monsieur De la Courtèchelle a découvert une nouvelle peuplade. Avisé et éclairé, notre cher ami les a baptisés du joyeux nom de « Paysans ». Pour nos lecteurs à qui l'appréciation subtile de cette appellation échappe, voici une petite vulgarisation étymologique. Composé de « Pay » du grec payessous et « San » du latin sangus, ce mot signifie littéralement « Payer ou il y aura du sang ». Mesdames et autres âmes sensibles, ne vous inquiétez pas, aussi farouche que ce nom barbare puisse paraître, ce peuple ne semble pas chercher querelles tant que ses intérêts financiers ne sont pas en danger. Quelle admirable preuve d'intelligence !

Suite à cette brève introduction, nous allons maintenant passer en revue l'environnement dans lequel nos amis évoluent. Selon les notes de notre - toujours illustre - Monsieur De la Courtèchelle, il semblerait que le paysan vive dans des contrées extrêmement similaires à nos chères campagnes. Néanmoins, il est important de vous préciser que cette peuplade à un rapport à la terre relativement différent du nôtre. En effet, l'instinct territorial du paysan étant exceptionnellement aiguisé, celui-ci aura à cœur de délimiter son territoire par des clôtures ou encore, par un enchevêtrement de fils de fer coupant. Là où le néophyte ne verrait qu'un simple grillage à poule, le connaisseur lui, observera un réel danger ! Nous pouvons alors nous interroger sur l'utilité d'un tel agissement. Pourquoi le paysan chercherait-il à protéger son territoire ? Le très controversé Monsieur Pintabiére, anthropologue de son état parle d'un comportement incohérent et primaire. Pourtant, comme l'a habillement fait remarquer Monsieur De la Courtèchelle, ce comportement s'expliquerait plutôt par un grand sentiment de crainte ! Oui amis lecteurs, le paysan vit constamment dans la crainte de se voir spolier de son bien. D'ailleurs, il n'est pas rare de les voir armés de ce qu'ils appellent une « fourche ». Dans l'intérêt de clarifier l'utilisation de ce mot barbare pour vous, amis lecteurs, ce terme désigne dans le langage paysan un outil rudimentaire souvent fait de bois et de métal. Les scientifiques s'interrogent toujours sur l'utilité d'un tel outil, il semblerait cependant que celui-ci ait pour vocation première de permettre aux paysans de se défendre contre l'invasion inopinée d'éventuels d'étrangers malintentionnés. Quelle ardeur !

Ainsi s'achève amis lecteurs le premier chapitre dédié à l'observation et l'étude du peuple paysan. Le prochain billet de notre encyclopédie sera quant à lui consacré aux rites et comportements sociaux en usage dans le monde paysan.